Avec une population vieillissante, l’offre médicale continue de se réduire dans le Gers, poussée par une logique de concentration et de rentabilité antinomique avec toute politique réelle de santé publique.
L’ouest Gersois est une zone très rurale, à plus de 30 minutes de route du centre urbain le plus proche et totalement dépourvue de transports en commun. Trente minutes, c’est long en cas de problème de santé aigu, c’est long pour aller consulter un spécialiste, surtout quand on est âgé, qu’on ne peut plus conduire et que la Sécu restreint les remboursements des taxis ambulance.
C’est pour cela que la survie de la polyclinique des Chênes est vitale pour le territoire : un service d’urgence, un bloc opératoire, une petite centaine de lits, un service de radiologie, un laboratoire d’analyse médicale, une antenne d’autodialyse et aussi une consultation externe pour des spécialités revenues rares dans le département : ophtalmologie (neuf mois à un an d’attente en moyenne!), gastro-entérologie, urologie, etc. Ce qui représente dans les 13000 hospitalisations par an qui ne pourront être absorbées par les établissements restants dans un périmètre d’une heure de route.
Le retrait de la Stéphanoise de Santé et la reprise de l’établissement par Clinicé en septembre 2012 se sont fait dans une ambiance détestable pour les personnels de l’établissement. Depuis, les médecins libéraux cherchent ailleurs et les salariés souffrent.
Ce qui fait que si l’on comprend les réticences du syndicat SUD aux conditions de cette reprise (puisqu’à chaque changement de propriétaire, ce sont les personnels qui y laissent des plumes), on s’interroge sur la politique de santé publique en territoires ruraux, s’il en reste encore une, et sur l’opportunité de reprendre dans le giron public, théoriquement affranchi de la nécessité de faire du bénéfice pour satisfaire les actionnaires, des établissements à vocation de service public primaire?
N’ayant pu joindre de syndicaliste membre de SUD, Le Journal du Gers a néanmoins eu connaissance d’un de ses tracts. Les raisons de l’opposition à l’accord y sont énumérées : la suppression du 13e mois (obtenu en 2014 et qui a été payé une fois à 75 % seulement faute de moyens) ; Clinifutur propose de le geler en 2016 et de le renégocier en 2017 ; la suppression de l’augmentation de 2 % obtenue en 2014 ; la suppression de la prime d’assiduité (20 euros) ; la diminution de 120 à 60 euros de la prime de chaussures ; une réorganisation du temps de travail.
Source : À la Polyclinique des Chênes un drame se joue pour le Gers – Le journal du Gers